SEMAINE 7 – OUVERTURE/FERMETURE

PRÉSENTATION

Je suis conscient de la fermeture/ouverture du corps et des contenus mentaux correspondant (émotion = sensations physiques + pensées =)_ Quand je m’aperçois d’un blocage : je prends le temps de le ressentir profondément, je laisse la chaleur de mon attention dissoudre ce blocage, je laisse le corps s’ouvrir

« Espace, confort »          Aise

Focus: les bras et les jambes

Pratique:  Je m’aperçois  que mes bras et mes jambes sont croisés, je prends conscience de la fermeture et des pensées correspondantes. Je permets au corps de s’ouvrir

Suggestions:

  • Identifier le ou les points du corps où se forment les “nœuds physiques” liés à une émotion (gorge, estomac, plexus, torsion de la jambe, bras, bassin, etc
  • Observer comment ce nœud se forme (au cours d’une conversation, suite à une pensée, une sensation…) et comment il peut se dénouer (respirer dans cette zone, marcher…)

Relaxation Profonde


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Enseignement – Thich Nhat Hanh, prendre soin de l’enfant intérieur


La méditation des 4 cailloux

Etre calme comme l’eau reflétant

L’eau reflétant est l’image d’un esprit calme. L’esprit est calme lorsqu’il n’est pas remué par les formations mentales telles que la colère, la jalousie, la peur, le souci… Visualisez la surface d’un lac calme dans la montagne, reflétant le ciel, les nuages, et le sommet de la montagne si clairement et distinctement que nous pouvons prendre une photo du ciel tout en focalisant l’objectif sur la surface de l’eau. Lorsque votre esprit est calme, il peut également refléter la réalité des choses telles qu’elles sont, sans distorsion. La respiration, l’assise et la marche en pleine conscience peuvent calmer les formations mentales de colère, de peur, de désespoir… Dans le Discours de la Pleine Conscience de la Respiration, le Bouddha a offert un exercice appelé calmer la formation mentale. La formation mentale ici signifie la colère, l’angoisse, le souci etc… «J’inspire, je reconnais cette formation mentale en moi». Appelez-la par son vrai nom : «Ceci est l’irritation», ou «Ceci est l’anxiété»… Vous n’avez pas besoin de la combattre, de lui faire des reproches ou de la chasser. Il suffit de la reconnaître. Ne cherchez pas à vous y attacher ni à la rejeter. «J’inspire, je calme la formation mentale en moi». La respiration consciente a la capacité de reconnaître, d’embrasser et de calmer les formations mentales. Cet exercice est similaire à celui que vous avez appris auparavant pour calmer votre corps, c’est à dire sa tension et ses douleurs. Cet exercice a été enseigné par le Bouddha lui-même dans le Discours de la Pleine Conscience de la Respiration. Vous êtes pratiquant, et non pas érudit. Entraînez-vous à calmer vos formations mentales et vos émotions aussitôt qu’elles surgissent. Alors dans ce cas seulement, vous pourrez être maître de votre corps et de votre esprit et vous ne causerez plus de dégâts ni à vous-même, ni aux autres, y compris aux personnes que vous aimez.

Etre solide comme une montagne

Le bonheur et la paix sont impossibles sans solidité. Sans la stabilité dans le corps et l’esprit, nous devenons agités et les autres ne peuvent prendre refuge en nous. C’est pourquoi, c’est essentiel de pratiquer afin de créer la solidité pour le corps et l’esprit. Vous pouvez le faire avec la respiration consciente, dans une position assise solide. Dans la posture du lotus, c’est plus facile pour votre corps et votre esprit de se stabiliser, surtout lorsque vous savez comment maîtriser votre respiration afin d’harmoniser vos cinq agrégats. En respirant consciemment, vous pouvez reconnaître, accepter et embrasser vos sensations et vos émotions. Calme et lucide, vous saurez utiliser votre intelligence et votre amour, vous pourrez résoudre vos difficultés dans la vie quotidienne. Vous aurez davantage confiance dans vos propres capacités, ce qui fortifiera votre solidité. «J’inspire, je m’assois aussi solide qu’une montagne. J’expire, je ressens la stabilité en moi». La pratique de la prise de refuge dans votre île intérieure vous aide aussi à générer la solidité en vous. Un chemin spirituel est possible. Vous savez que vous êtes sur ce chemin, et vous n’avez plus peur de rien. Ceci renforce encore votre solidité. Ce chemin est le chemin de la pleine conscience, de la concentration et de la vision profonde. C’est celui des Cinq Entraînements à la Pleine Conscience : la protection de la vie, le partage du temps et des biens avec ceux qui en ont besoin, la protection de soi et des autres face aux abus sexuels et aux comportements sexuels inappropriés, la pratique de la parole aimante et de l’écoute profonde, et enfin la consommation en pleine conscience pour ne pas détruire le corps et l’esprit.

Traverser une tempête

Il y a des jeunes qui sont incapables de gérer leurs fortes émotions comme la colère, le désespoir… et ils se suicident. Pour eux, le suicide est le moyen unique pour mettre fin à la souffrance. Mais, si nous avions eu l’occasion de leur montrer comment gérer une émotion, ils auraient eu la chance de la calmer et de la surmonter. En France, 33 jeunes se suicident chaque jour, et dans les écoles, personne ne leur enseigne comment gérer une émotion. Il faut maîtriser la pratique avant de la leur montrer. N’attendez pas qu’une émotion vous submerge pour commencer à pratiquer. Commencez la pratique dès maintenant. Plus tard, lorsqu’une émotion surgira, vous vous souviendrez de la pratique.

Il faut d’abord savoir qu’une émotion est seulement une émotion, même si c’est une émotion forte. Votre territoire est très vaste : corps, sensations, perceptions, formations mentales et conscience. Une  sensation n’est que l’une des 51 formations mentales. Elle vient, elle reste un moment, puis elle s’en va. Pourquoi faudrait-il mourir à cause d’elle ? Considérons-la comme une tempête. Si nous savons comment nous protéger, nous serons en sécurité même au coeur de la tempête. Une tempête peut durer une heure, quelques heures ou une journée. Si nous maîtrisons la pratique, nous pourrons la traverser sans difficulté dans une posture du lotus ou bien dans la posture allongée sur le dos. Vous pouvez commencer à respirer avec le ventre. Focalisez toute votre attention sur votre ventre. Sentez votre abdomen se soulever à l’inspir et s’abaisser à l’expir. Respirez profondément et faites attention seulement à votre ventre. Arrêtez toute pensée. Ne pensez qu’à respirer. Dans une tempête, la cime de l’arbre est la partie qui casse le plus facilement. Le tronc est plus solide, car il a beaucoup de racines profondément implantées. La cime représente votre tête et vos pensées : quittez donc la cime, descendez jusqu’aux racines pour devenir plus solide. Les racines sont votre abdomen. Un peu en dessous de votre nombril, il y a le hara. Concentrez-vous sur ce point, respirez profondément, ne pensez à rien et vous serez en sécurité pendant que la tempête d’émotions se déroule. Chaque jour, pratiquez 5 minutes. Au bout de trois semaines, vous aurez acquis cette habitude et lorsque l’émotion viendra, vous aurez le réflexe de la pratique. Une fois que vous avez traversé une tempête, vous avez confiance. Vous vous dites : «La prochaine fois, si elle revient, je n’aurai plus peur car je saurai comment faire». Vous pourrez montrer à vos enfants, à vos frères et soeurs, cette méthode de respiration avec le ventre. En tenant la main de l’enfant, dites-lui de respirer avec vous, de se concentrer sur son ventre. Même si c’est un enfant, il peut déjà connaître des émotions fortes. Il est bon pour lui d’apprendre à respirer pour les surmonter. Au début, il a besoin de votre soutien mais plus tard, il pourra le faire par lui-même. Si vous êtes enseignant, vous pouvez apprendre à vos élèves à faire cela. Peut-être parmi vos élèves, certains pratiqueront et plus tard lorsque la tempête d’émotions les touchera, ils ne se suicideront pas. Ainsi vous leur sauverez la vie. Cette pratique dans la posture assise est la meilleure, et dans la position allongée, vous pouvez également mettre une bouillote sur votre ventre.

Être libre comme l’espace immense

L’espace représente la liberté, sans cela le bonheur serait impossible. Qu’est-ce qui empêche votre liberté ? L’anxiété, une trop grande activité, la jalousie… ?

Vous estimez probablement que le succès associé au pouvoir, à la renommée et à l’argent est la fondation du bonheur. Mais, si vous regardez profondément, vous verrez que bien des personnes riches, célèbres et  puissantes, ne sont cependant pas heureuses. Pourquoi ? Parce qu’elles ne sont pas libres.

Vous avez beaucoup à faire, vous voulez réussir dans tous les domaines. Il n’y a rien de mal à cela mais il faut vous organiser pour que votre travail continue à vous apporter de la joie au quotidien. Ne laissez pas votre travail vous rendre soucieux, irrité ou souffrant. Travaillez dans la liberté, ménagez-vous du temps pour prendre soin de vous-même et des personnes que vous aimez. Ayez le temps d’aimer. L’amour ici ne signifie pas la passion ou le désir. Aimer signifie prendre soin, apporter le bonheur à l’autre personne et soulager son chagrin ou sa souffrance. Le cadeau le plus précieux, que vous pouvez offrir aux personnes que vous aimez, est l’espace et la liberté, l’espace dans le coeur et l’espace autour d’elles. Ne vous laissez pas submerger par vos occupations, l’anxiété et la souffrance. Laissez les soucis de côté et vivez heureux, c’est un art. Ce qui n’est pas vraiment important, ce qui ne vous apporte pas le bonheur, apprenez à vous en délester. Lâchez prise et vous aurez de l’espace.

Imaginez une personne qui va régulièrement au marché aux puces et ramène tout ce qui est bon marché même ce dont elle n’a pas besoin. Elle achète simplement parce que cela ne coûte pas cher. En quelques semaines, son appartement est bondé. Chaque fois qu’elle se déplace dans cet appartement, elle heurte des objets. Elle n’a plus l’espace pour vivre. Ceci est vrai aussi pour la vie intérieure. Si vous avez trop de soucis, de peurs, et de doutes dans votre coeur, vous n’aurez plus d’espace pour vivre. Il faut apprendre à lâcher prise.

J’inspire, je me vois comme l’espace.

J’expire, je me sens libre.

Dans le bouddhisme, le lâcher-prise est une pratique qui génère la joie et le bonheur. Asseyez-vous et faites un inventaire. Vous avez accumulé beaucoup de choses, et parmi elles, certaines sont inutiles, de plus, elles vous empêchent d’être libre. Il faut du courage pour s’en séparer. Votre bateau, trop chargé, pourra être facilement renversé par les vents et les vagues. II faut l’alléger. Ainsi, votre bateau sera moins vulnérable et avancera plus vite. Vous pouvez offrir cette liberté à vos proches mais, vous ne pouvez l’offrir que si vous même l’avez dans votre cœur.


Enseignement – Embrasser sa colère

Chers amis,

Je voudrais vous faire part de ma pratique quand je suis en colère. Pendant la guerre du Vietnam, il y avait beaucoup d’injustice, et des milliers de personnes sont tués, y compris des amis et des disciples à moi. J’étais très en colère. Une fois, j’avais appris que Bên Tre, une ville de 300.000 habitants, était bombardée par l’aviation américaine à cause de la présence de seulement quelques guérillas qui essayaient de tirer sur les avions américains. Les guérillas n’ont réussi à descendre aucun avion et ont quittés la ville. Mais elle a été détruite. Et le militaire responsable du bombardement déclarait plus tard qu’il fallait détruire cette ville pour pouvoir la sauver. J’étais très en colère.

Heureusement à l’époque j’étais déjà un pratiquant solide. Je ne disais rien, je n’agissais pas parce que je savais qu’agir ou parler quand on est en colère ce n’est pas sage. Cela peut créer beaucoup de dégâts. Dans la tradition bouddhiste, nous devons apprendre à respirer en pleine conscience, à marcher en pleine conscience pour générer l’énergie de la pleine conscience. C’est exactement avec cette énergie de pleine conscience que nous pouvons reconnaître, embrasser et transformer notre colère. La pleine conscience est cette énergie qui nous aide à être conscient de ce qui se passe en nous et autour de nous et tout le monde pourrait le faire.

Si vous buvez une tasse de thé et que vous savez que vous buvez une tasse de thé, cela s’appelle boire en pleine conscience. Quand vous inspirez et que vous êtes conscient de cela, que vous focalisez votre attention sur votre inspiration, cela s’appelle respirer en pleine conscience. Quand vous faites un pas et que vous êtes conscient que vous faites un pas, cela s’appelle marcher en pleine conscience. La pratique de base dans les centres zen ou dans les centres de méditations est cette pratique qui génère la pleine conscience à chaque moment dans votre vie quotidienne. Quand vous êtes en colère, vous êtes conscient que vous êtes en colère. Parce que vous avez déjà l’énergie de la pleine conscience en vous, engendré par la pratique, vous savez reconnaître, embrasser, regarder profondément et comprendre la nature de votre souffrance.  

J’étais capable de comprendre la nature de la souffrance au Vietnam. J’avais vu que non seulement les vietnamiens souffraient mais également les américains pendant cette guerre. Les jeunes américains qui étaient envoyés au Vietnam pour tuer et être tués, subissaient beaucoup de souffrance et cette souffrance continue aujourd’hui. Les familles et la nation souffrent également.

J’ai pu voir que les causes de notre souffrance au Vietnam n’étaient pas les soldats américains mais parce que la politique n’était pas judicieuse.

C’était de l’incompréhension.

C’était la peur qui sous-tendait la politique. Beaucoup se sont immolés au Vietnam pour appeler à la cessation de la destruction. Ils ne veulent pas créer de la souffrance à d’autres personnes, ils veulent prendre cette souffrance sur eux pour faire passer le message. Mais le bruit des avions et des bombes était assourdissant et peu de personnes dans le monde étaient capable de nous entendre. C’est ainsi que j’étais décidé d’aller aux Etats-Unis pour appeler à la cessation de la violence. C’était en 1966 et à cause de cela on m’a interdit de rentrer chez moi. Depuis lors je vivais en exil.

J’étais capable de voir que l’homme n’était pas notre ennemi.. Les vrais ennemis sont l’ignorance, la discrimination, la peur, le désir et la violence. Je ne détestais pas les américains ou la nation américaine. J’arrivais aux Etats-Unis pour plaider une vision profonde des choses de telle façon que votre gouvernement aurait accepté de réviser sa politique. Je me souviens d’avoir rencontré le ministre de la défense Robert MacNamara. Je lui disais la vérité sur la souffrance. Il m’avait gardé pendant un long moment avec lui et il m’avait écouté attentivement et j’étais très reconnaissant pour sa qualité d’écoute. Trois mois après, la guerre s’était intensifiée et j’ai entendu qu’il avait démissionné de son poste.

La haine et la colère n’étaient pas dans mon cœur. C’est pourquoi j’étais écouté aussi par beaucoup de jeunes de mon pays, je leur demandais de suivre la voie de la réconciliation et ensemble nous formions une nouvelle organisation pour la paix à Paris. J’espère que mes amis ici à New York sont capables de pratiquer de la même manière. J’ai compris et comprends la souffrance et l’injustice et je pense que je comprends profondément la souffrance de New York, des Etats-Unis. Je me sens new-yorkais, je me sens américain.

Vous voulez être là pour vous, être avec vous, ne pas agir, ne rien dire quand vous n’êtes pas calme. Il existe des façons de revenir à nous-mêmes et pratiquer pour retrouver calme, apaisement, lucidité. Il existe des possibilités de pratiquer qui nous permettent de comprendre les causes réelles de la souffrance. Et la compréhension nous aide à faire ce que nous avons à faire et de ne pas faire des choses qui causent du tort à nous et aux autres. Pratiquons, si vous voulez bien, la respiration consciente pendant trente secondes avant de continuer. Dans la psychologie bouddhiste, nous parlons de la conscience en terme de semences. Nous avons des graines de colère en nous. Nous avons des graines de désespoir, de peur. Mais nous avons aussi des graines de compréhension, de sagesse, de compassion et de pardon. Si nous savons comment arroser les graines de sagesse et de compassion en nous, ces graines se manifesteront sous forme d’énergies puissantes qui nous aideront à réaliser l’acte de pardon et de compassion. Cela aiderait notre pays à être tout de suite soulagé et à notre monde aussi. C’est ma conviction.

 Je crois fermement que les américains ont beaucoup de sagesse et de compassion en eux. J’aimerai que vous soyez à votre meilleur niveau quand vous agirez pour l’amour des Etats-Unis, pour l’amour du monde. Avec lucidité, avec compréhension et compassion vous vous tournerez vers les gens qui vous ont créés tant de blessures et de souffrance et vous leur poserez beaucoup de questions.

« Nous ne comprenons pas assez votre souffrance, est ce que vous pouvez nous en parler ? Nous ne vous avons rien fait, nous n’avons pas essayé de vous détruire, de vous discriminer et nous ne comprenons pas pourquoi vous nous faites cela. Il y a beaucoup de souffrance en vous et nous voulons vous écouter. Nous pouvons vous aider. Ensemble nous pouvons créer la paix dans le monde. » Et si vous êtes solide, si vous êtes compatissant quand vous faites cette demande, ils vous diront leur souffrance.

Dans le bouddhisme nous parlons de la pratique de l’écoute profonde, de l’écoute aimante, une méthode merveilleuse qui nous aide à restaurer la communication, communication entre partenaires, communication entre père et fils, communication entre mère et fille, communication entre pays. La pratique de l’écoute profonde devrait être pris en charge par les parents, les partenaires de façon à ce qu’ils comprennent la souffrance des autres personnes. Ces personnes peuvent être votre femme, votre fils ou votre fille. Nous devons avoir assez de patience pour écouter mais beaucoup d’entre nous avons perdu notre capacité d’écoute parce que nous avons beaucoup de colère et de violence en nous.

Et les autres personnes ne savent pas utiliser les paroles aimantes, ils sont toujours en train de blâmer et de juger. Et les paroles sont souvent amères. Cette façon de s’exprimer suscite immanquablement l’irritation et la colère en nous et nous empêche d’écouter profondément avec compassion. Je pense, je crois, j’ai la conviction que si un père sait comment écouter profondément son fils, il ouvrira les portes de son cœur et renouera la communication.

Les personnes au Congrès et au Sénat devraient également s’entraîner à l’écoute profonde, à l’écoute aimante. Il y a une grande souffrance dans le pays et beaucoup de personnes sentent que leurs souffrances ne sont pas comprises. C’est pourquoi les politiciens et les parlementaires ont à s’entraîner à l’art de l’écoute profonde – écouter leurs compatriotes, écouter leur pays. Parce qu’ il y a de l’injustice dans ce pays, parce qu’il y a de la discrimination dans ce pays. Parce qu’il y a beaucoup de colère dans ce pays.

Si nous pouvons nous écouter mutuellement, alors nous pouvons écouter les personnes d’autres pays. Beaucoup de ces personnes sont dans le désespoir, beaucoup souffrent à cause de l’injustice et de la discrimination. Il y a une grande masse de violence et de désespoir en elles. Et si nous savons comment les écouter en tant que nation alors nous pouvons déjà apporter beaucoup de soulagement. Ils vont sentir qu’ils sont compris. Et cela peut déjà éloigner les bombes.

J’ai toujours conseillé au couple qui est en colère de retourner à sa respiration, à sa marche consciente, en embrassant sa colère et en regardant profondément dans la nature de sa colère. Et il peut ainsi transformer sa colère dans le quart d’heure ou dans les deux ou trois heures. S’il n’y arrive pas, un partenaire doit dire à l’autre qu’il souffre, qu’il est en colère et qu’il veut que l’autre le sache. Il doit essayer de le dire calmement.

« Chéri(e), je souffre et je veux que tu le saches. »

Au Village des Pruniers, où je réside et pratique, nous conseillons à nos amis de ne jamais garder leur colère plus de 24 heures sans en faire part à l’autre. « Chéri(e), je souffre et je veux que tu le saches. Je ne comprends pas pourquoi tu avais fait cela, je ne comprends pas pourquoi tu as dit cela à moi.» C’est la première chose qu’on doit dire à l’autre. Et si on n’est pas assez calme pour le dire, on peut l’écrire sur un bout de papier.

La deuxième chose qu’il peut dire ou écrire, c’est « J’ai fait de mon mieux. »

Cela veut dire « Je pratique à ne rien dire, à ne rien faire quand je suis en colère parce que je sais que si je le fais à ce moment là je créerai encore plus de colère. Donc j’embrasse ma colère, je regarde profondément dans la nature de ma colère. »

Vous dites à l’autre personne que vous êtes en train de pratiquer pour retenir votre colère, pour comprendre votre colère, pour découvrir si votre colère pouvait venir de votre incompréhension, de vos perceptions erronées, de votre manque de pleine conscience ou de votre maladresse.

La troisième chose que vous pourrez dire à l’autre est « J’ai besoin de ton aide » Habituellement quand on est fâché avec quelqu’un, on a tendance à faire le contraire de ce qu’il fait. On aurait aimé dire « Je n’ai pas besoin de toi. Je peux survivre tout seul ». « J’ai besoin de ton aide » veut dire « J’ai besoin de ta pratique, j’ai besoin de ton regard profond, j’ai besoin de toi pour surmonter cette colère parce que je souffre ». Et si je souffre, vous ne serez pas heureux non plus parce que le bonheur n’est pas une chose individuelle. Si les autres personnes souffrent, nous ne serions pas non plus réellement heureux. Donc en aidant une autre personne à souffrir moins, à sourire, cela nous rendrait heureux également.

Le Bouddha a dit « Ceci est comme ceci parce que cela est comme cela. Ceci existe parce que cela existe. Les trois phrases que je propose sont le langage de l’amour véritable. Cela inspirerai l’autre personne à pratiquer, à regarder   profondément et ensemble vous arrivez à la compréhension et à la réconciliation. Je propose à mes amis d’écrire ces phrases sur un bout de papier et de le glisser dans votre portefeuille. A chaque fois que vous vous mettez en colère contre votre partenaire, votre fils ou votre fille, vous pouvez respirer consciemment puis reprendre le papier pour le lire. C’est une cloche de la pleine conscience qui vous dit ce que vous devez faire ou ne pas faire. Ces trois phrases sont :

« je souffre et je veux que tu le saches »

« Je fais de mon mieux »

« Aidez moi »

Je suis convaincu que dans un conflit international on peut appliquer la même pratique. C’est pour cela que je propose à l’Amérique en tant que nation de faire la même chose. Vous dites aux personnes que vous pensez être à la source de votre souffrance que vous souffrez, que vous voulez qu’elles le sachent et vous voudrez savoir pourquoi elles vous ont fait cela et vous pratiquez l’écoute profonde avec compassion. La qualité de votre être est très importante parce que votre demande n’est pas une condamnation mais une envie de créer une vraie communication..

« Nous sommes prêts à vous écouter. Nous savons que vous souffrez énormément pour commettre une chose pareille sur nous. Vous avez certainement pensé que nous sommes les causes de votre souffrance. Dites-nous si c’est à cause du fait que nous avons voulu vous détruire, que nous vous discriminons pour que nous puissions comprendre. Et nous savons que quand nous comprenons votre souffrance, nous pourrons vous aider également ». C’est ce que nous appelons dans le Bouddhisme « parole aimante » et cela a le pouvoir de restaurer la communication et quand la communication est restaurée la paix devient possible.

Cet été, un groupe de Palestiniens est venu au Village des Pruniers avec des Israéliens, une quinzaine de personnes. Nous les avons invités ensemble à venir pratiquer. Pendant les deux semaines, ils ont appris à s’asseoir ensemble, à marcher dans la pleine conscience ensemble, à profiter des repas silencieux ensemble et à s’asseoir ensemble en silence pour pouvoir écouter les uns et les autres. Cette pratique était très réussie. Au bout de deux semaines de pratique, ils nous ont fait un rapport merveilleux. Une femme a dit

« Thây, c’est la première fois dans ma vie que je vois que la paix au Moyen Orient est possible ».

Une autre jeune personne a dit:

« Thây, quand je suis arrivée au Village des Pruniers, je ne peux pas croire que c’est quelque chose de réelle à cause de la situation dans mon pays, nous vivons constamment dans la peur et la colère. Quand nos enfants montent dans un bus, nous ne sommes pas sûr qu’ils reviendront à la maison. Quand nous allons au marché, nous ne sommes pas sûr de rester vivant et de rentrer à la maison voir notre famille.

Quand je suis au Village des Pruniers, je vois des personnes se regarder et parler avec gentillesse, marcher paisiblement et faire les choses en pleine conscience. Je n’arrive pas à croire que c’est possible. Cela me semble irréel».

Mais dans le contexte paisible du Village des Pruniers, ils étaient capables d’être ensemble, de vivre ensemble et de s’écouter et finalement la compréhension est arrivée. Ils ont promis de retourner au Moyen-Orient et de continuer leur pratique. Ils organiseront un jour de pratique par semaine au niveau local et une journée de pleine conscience au niveau national. Et ils planifient de retourner au Village des Pruniers en plus grand nombre pour continuer la pratique.

Je pense que des nations comme les Etats-Unis peuvent organiser ce genre de pratique où les gens peuvent venir et prendre le temps ensemble pour pratiquer la paix, cela apaiserait leurs peurs , leurs émotions et les négociations paisibles seraient plus faciles.